L’édito du Délégué épiscopal à la culture pour le Festival d’Avignon 2024

6 juin 2024

L’attente d’un cœur ouvert au don

Le 29 juin 2024 s’ouvrira dans la cité des papes la 78e édition du festival d’Avignon dans sa double composante In et Off.

De la même manière que certains attendent avec impatience l’ouverture des Jeux olympiques à Paris, beaucoup attendent avec impatience l’ouverture du temps du festival qui marque la ville d’Avignon d’une manière unique chaque été.

Chaque édition du festival est en effet nouvelle et unique. Les personnes qui ont déjà fréquenté le festival savent qu’il s’agit d’une expérience humaine et culturelle inoubliable. Les nouveaux y viendront avec le cœur rempli d’attentes. Les habitués aussi ! La très grande richesse de propositions est toujours l’équivalent d’une belle surprise. L’attitude intérieure pour aborder cet événement majeur de notre vie culturelle en terre de Vaucluse n’est pas seulement celle de l’attente et du désir. Elle est surtout celle d’une ouverture à la nouveauté. Il s’agit donc de se laisser surprendre, saisir et captiver par la magie toujours nouvelle du verbe qui se fait chair, de la parole qui prend corps dans le jeu des acteurs et dans les mises en scène.

Le théâtre comme toutes les formes d’art requiert de notre part cette ouverture vers ce qui est inconnu, nouveau, surprenant. Chaque spectacle peut être perçu comme un don qui nous est fait. Un don pour nous aider à grandir en humanité. Chaque spectacle du festival peut être perçu comme un magnifique témoignage de la vitalité artistique des créateurs et des comédiens, comme une invitation à la vie pleinement humaine. Le festival est en ce sens, parce qu’il reflète le génie créateur de l’homme et l’incarne, une école d’humanité. Pas seulement dans la communion mystérieuse qui s’établit entre le public et une troupe de comédiens ou un seul sur scène dans les salles les plus petites comme dans la cour d’honneur du palais des papes, mais aussi et peut-être même davantage dans les rues et les places animées d’Avignon devenue capitale du théâtre mondial pendant ce temps privilégié.

Notre humanité véritable ne peut se vivre que dans la relation et le temps du festival est un temps privilégié pour nouer de belles relations, pour vivre de belles rencontres la plupart du temps avec des inconnus. Ces rencontres peuvent aboutir à cultiver entre nous l’esprit de dialogue. Le festival d’Avignon est à ce titre une puissante force qui nous pousse à aller à la rencontre des autres sans préjugés, avec bienveillance et curiosité, avec simplicité aussi. Par la magie qui opère dans la communion des festivaliers dans et hors les salles de spectacle nous est donnée la possibilité de vivre des relations et des rencontres qui ne sont pas sans rappeler la gratuité et la liberté des rencontres de Jésus sur les chemins de l’Évangile. Tout art authentique a une vertu quasi-sacramentelle dans le sens où il permet une transformation intérieure, un renouvellement de ce que nous sommes.

Dans le livre des Proverbes nous trouvons un passage très surprenant à propos de la Sagesse divine :

 

« Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. » (Proverbes 8)


La Sagesse de Dieu joue et trouve ses délices avec les fils des hommes. Puissions-nous nous inspirer de son exemple pour vivre pleinement cette nouvelle édition du festival afin qu’elle soit pour nous et pour toutes les personnes que nous rencontrerons un temps de grâce, un temps qui, lorsqu’il s’achèvera, nous aura transformé en nous donnant un cœur rempli d’émerveillement et de gratitude pour le génie artistique de notre humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

Père Robert Culat,
Délégué épiscopal à la culture